Rapport « Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu »

Rapport de la commission d’experts de la Direction de l’information légale et administrative, avril 2024


Nous vous proposons ci-dessous une synthèse rapide du rapport :

Chapitre 1 – Préambule : promesse et danger des écrans

Les écrans apportent beaucoup de choses positives. Ils permettent aux enfants d’apprendre, de découvrir le monde, parfois même mieux que leurs parents. Ils peuvent réduire les inégalités : un enfant peut accéder à la même information quel que soit son milieu social.

Mais les écrans ont aussi un côté sombre. Les grandes entreprises numériques créent volontairement des applications et des jeux qui “capturent” l’attention des enfants. Les jeunes passent alors beaucoup de temps devant les écrans, parfois au détriment du sommeil, du jeu ou des moments en famille. Les filles, en particulier, sont souvent exposées à des images stéréotypées qui peuvent abîmer leur confiance en elles.

La Commission rappelle que les enfants ne sont pas de “petits adultes” : ils ont besoin de jouer, de parler, de bouger, et surtout de passer du temps avec des adultes disponibles. Quand les parents eux-mêmes sont accaparés par leur téléphone, cela prive les enfants d’attention.


Chapitre 2 – Est-ce grave ? Les effets des écrans

Les chercheurs sont clairs : trop d’écrans peut poser des problèmes.

  • Sur la santé physique : les écrans retardent l’endormissement, diminuent la qualité du sommeil et provoquent de la fatigue. Ils favorisent la sédentarité, l’obésité et les problèmes de vue (myopie).

  • Sur le développement : les plus petits ont besoin d’échanges humains. Si les parents sont trop souvent sur leur téléphone (on appelle ça la “technoférence”), les enfants parlent moins, développent moins bien leurs émotions et leur langage.

  • Sur la santé mentale : les adolescents, surtout les filles, peuvent souffrir d’anxiété ou de dépression à cause des réseaux sociaux (comparaisons, moqueries, isolement).

  • Sur les contenus : beaucoup d’enfants voient des vidéos violentes ou pornographiques trop tôt. Cela peut choquer et influencer négativement leurs comportements.

  • Dans la société : les écrans peuvent enfermer chacun dans sa “bulle”, créer de l’isolement, et répandre des idées fausses ou extrêmes.


Chapitre 3 – Ce qui a déjà été fait

Il existe déjà des lois et des outils pour protéger les enfants. Par exemple, des contrôles parentaux, des messages de prévention ou des filtres. Mais cela reste insuffisant.

  • Les règles sont nombreuses mais dispersées, difficiles à comprendre et peu appliquées.

  • Les campagnes de prévention existent, mais beaucoup de parents n’en ont jamais entendu parler.

  • Les plateformes renvoient la responsabilité aux familles, alors qu’elles devraient aussi agir.

  • L’école n’est pas toujours bien équipée, et quand elle l’est, les usages ne sont pas toujours clairs ni adaptés.

  • Il n’y a pas encore de stratégie globale et coordonnée au niveau national.


Chapitre 4 – Les propositions pour agir

La Commission propose 29 mesures regroupées en six grands axes.

  1. Supprimer ce qui rend accro : interdire les systèmes qui poussent les enfants à rester connectés (défilement infini, achats cachés, notifications constantes).

  2. Protéger collectivement : ne pas tout faire reposer sur les parents. Mettre en place des protections automatiques, par exemple via les opérateurs Internet.

  3. Fixer des repères par âge :

    • Pas d’écran avant 3 ans.

    • Très peu d’écrans et toujours avec un adulte jusqu’à 6 ans.

    • Pas de smartphone avant 11 ans.

    • Téléphone sans Internet entre 11 et 13 ans.

    • Réseaux sociaux seulement à partir de 15 ans, et uniquement s’ils respectent certaines règles éthiques.

  4. Préparer les enfants à l’autonomie numérique : leur apprendre à comprendre, critiquer et utiliser le numérique de façon responsable. Offrir aussi des alternatives attractives : sport, culture, jeux collectifs.

  5. Accompagner les adultes : mieux former les parents et les enseignants, encourager des moments “sans écran” en famille, protéger la vie privée des familles face au travail à distance.

  6. Mettre en place une vraie stratégie nationale : créer un observatoire, renforcer les contrôles, et demander aux géants du numérique de contribuer financièrement (principe “pollueur-payeur”).